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The characters used in my story are not belonging to me, they are borrowed from "The Pretender".

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Comme toujours elle est là, assise bien droite sur son mur de brique, sa queue délicatement enroulée autour d'elle. Son pelage noir se fond dans l'obscurité ne révélant que les contours de sa fine silhouette. Immobile, ses yeux bleus fixent les profondeurs de la nuit. Son petit museau rose hume le fond de l'air. Ses oreilles pointues s'agitent en tout sens à l'affût du moindre bruit. Son corps frissonne, elle attend avec impatience l'ouverture de la chasse...

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Peu lui importe que mulots, musaraignes et souris courent en tout sens, elle guette une proie bien plus interressante. Du haut du mur sur lequel elle est perchée, elle a remarqué un rat sortir prudemment de son trou. La vue de cette chair tendre et fraiche excite les papilles gustatives du prédateur qui salive et se pourlèche les babines à l'anticipation de cet heureux festin. Sa queue se déroule et s'agite. Chacun de ses muscles se tend et doucement elle se redresse, puis elle s'approche à petits pas discrets du rongeur qui ne se doute de rien.

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Une soirée comme une autre, terré dans son antre, il se morfond d'ennui. Il décide alors de pointer son petit nez moustachu hors de son trou et finalement il sort, heureux de se dégourdir un peu les pattes. Il sent ses griffes s'enfoncer dans la terre meuble et humide. La nuit est belle, avec un peu de chance il trouvera quelquechose à grignoter. Soudain tout les poils de son corps se dressent. Il se retourne et se trouve nez-à-nez avec une chatte noire aux dents acérées. Il a à peine le temps de s'enfuir avant qu'elle ne lui bondisse dessus. Le rat , ventre à terre, slalome à toute vitesse entre les herbes folles cherchant désespérément un endroit où se cacher, un moyen de lui échapper.

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Elle se rapproche de lui à pas feutrés et s'aplatit sur le sol. Elle l'observe un petit moment puis elle s'apprête à bondir, mais le rat a senti sa présence et tente de s'évanouir dans la nature.
Elle part à sa poursuite et le traque sans merci. Pourtant chaque fois qu'elle le coince dans un caniveau ou contre un mur, il parvient toujours à s'échapper. Mais elle est déterminée. Sa course est fluide, excité par la chasse elle ne ressent pas la fatigue. Elle joue avec lui et l'envoie courir comme un dératé. Elle sent l'odeur de sa peur et voit la sueur ruisseler le long de son échine, il se fatigue. Parfois elle arrive à lui lancer un coup de patte, mais jamais assez fort pour le blesser ou l'étourdir.

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Quand il s'échappe c'est toujours de justesse. Il essaye de la semer, mais où qu'il aille elle le suit, où qu'il se cache elle le trouve. Il panique , il tremble de peur. Il peut maintenent entendre ses pattes tambouriner le sol derrière lui, il peut sentir son souffle sur son corps. Elle se rapproche.

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Une fois qu'elle est assez près , elle lui lance un coup de patte et l'envoie rouler dans un buisson d'orties. Il se relève , mais c'est trop tard, il la voit, il voit ses griffes et ses crocs acérés. Elle lui envoie un coup de griffe, puis un autre. Le sang coule. Elle s'apprète à le dévorer, quand elle se sent soulevée du sol et lancée dans les airs. Son corps se cabre avant de retomber au sol, les pattes les premières. C'est alors qu'elle voit l'homme.

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Il se penche et ramasse avec délicatesse le rat sanguinolent et lui murmure doucement :
- "Il était moins une mon ami."
Mais la chatte ne se laisse pas impressionner. Elle espère bien récupérer son repas. Elle fixe l'homme, ses yeux lançant des éclairs et lève bien haut la tête d'un air de défi. L'homme l'observe et lui dit :
-"Crois moi, tu n'auras pas ce rat là. Pas question qu'il finisse entre tes pattes, tu n'en ferais qu'une bouchée."
La chatte noire ne bouge pas d'un poil. L'homme soupire et fait mine de s'en aller. La chatte le suit.
-"C'est pas vrai ! En plus elle est têtue."
Il se dirige vers l'une des voitures garées dans la rue. Il ouvre le coffre et en sort une boîte en plastiquequ'il perce de petit trous à l'aide d'un canif et y enferme le pauvre rat au bord de la crise d'apoplexie. Mais la chatte est toujours là, les yeux pleins de reproches faisant face à son voleur de dîner.
-"Désolé, mais je ne fais qu'aider un congénère. Tu auras plus de chance la prochaine fois."
Il monte dans la voiture, claque la portière et démarre.

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L'homme n'est pas méchant, elle le sait, elle le sent. Il rôde souvent dans le coin et souvent la nuit où il se confond avec les ombres. On dirait qu'il se cache, qu'il est prudent comme le rat. Pourtant il ne porte jamais sur lui l'odeur de la peur. Il regarde toujours vers la fenêtre comme s'il cherchait à apercevoir quelquechose ou quelqu'uni. C'est étrange, l'homme est étrange.

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Fatiguée par sa course-poursuite elle revient vers la maison, son corps souple ondulant gracieusement. Elle saute sur le rebord de la fenêtre et miaule tout en tapotant ses pattes contre la vitre. Le rideau s'écarte, la femme lui ouvre. Elle a la voix suave. Elle lui caresse la tête, et la bête se roule par terre exposant la douce et chaude fourrure de son ventre où la femme dépose un baiser. Puis la femme s'éloigne et va s'asseoir sur le canapé près de la cheminée. La douce chaleur du feu de bois est accueillante. La chatte suit la femme et saute près d'elle avant de monter sur ses genoux et de s'y rouler en boule.

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Il est tard et le téléphone sonne , comme d'habitude. La chatte lêve la tête et tend l'oreille pendant que la femme attrape le combiné.
-"Quoi"
-"Savais tu que ta boule de poil terrorise tous les rongeurs du quartier?"
-"Depuis quand tu t'interesse à la vie de mon chat?"
-"Je trouve juste étrange que tout dans notre vie tourne autour du jeu du chat et de la souris. N'en as tu jamais assez de chasser Melle Parker?"
-"Et toi Jarod, n'en as tu jamais assez de courir? Tu devrais me laisser t'attraper."
-"Seulement dans tes rêves" conclut-il en riant avant de raccrocher.
La femme soupire exaspérée et repose le combiné. L'homme a encore appelé, il appelle toujours. Mais on s'y habitue. On s'y habitue toujours.

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Elle laisse retomber sa tête et la torpeur l'envahit. Elle ferme ses paupières et ronronne aux caresses de la femmes avant de s'endormir, son museau rose enfouit entre ses pattes.









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