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Un mail contrariant



La jeune femme ferma la porte de sa grande maison bien vide. Elle soupira, un frisson lui parcoura même l’échine. Elle ôta son manteau, se dirigeant vers la cuisine pour se désaltérer. Un verre d’eau lui suffit, elle avait juste la gorge sèche.

Des mois qu’il ne l’avait pas appelée, pas de nouvelles, ni même une lettre. Elle ne savait plus quoi penser après leur ultime conversation, elle avait eu l’impression qu’il s’agissait d’un au revoir, ou pire encore. Elle avait tout de même senti de la peine dans sa voix avant qu’il ne raccroche. Mais elle n’avait pas su lui parler, lui dire réellement ce qu’elle avait sur le cœur.

A chaque fois qu’elle se retrouvait seule dans sa maison, elle restait des heures à ne rien faire. Elle n’avait plus le goût de rien, la lecture éveillait en elle bien trop de souvenirs douloureux et elle n’avait jamais vraiment aimé regarder la télévision.

Depuis quelques jours, elle avait l’habitude de rapporter chez elle son ordinateur, pour travailler, faire quelques recherches… Simplement pour passer le temps qui lui semblait désespérément trop long. Elle s’installa sur le sofa avec l’appareil sur les genoux et en souleva l’écran pour l’allumer.

A ce même instant, une petite fenêtre s’ouvrit, lui annonçant qu’elle avait du courrier. En quelques clics, elle trouva un mail qui attisa sa curiosité. Il était de lui, elle cligna des yeux, était-elle en train de rêver ? Elle plaça avec hésitation le curseur sur la case « OK », hésitant à l’ouvrir. Elle tremblait presque, elle attendait à la fois tellement et si peu. Que lui disait-il ? Et comment allait-elle réagir ? Elle n’en avait pas la moindre idée, il suffisait simplement qu’elle le lise… Mais rien que de poser les yeux sur cet écran lui demandait bien trop d’efforts.

Elle finit néanmoins par se raviser, de toute manière, que risquait-elle ? Le mail s’afficha, juste quelques lignes tout au plus. Elle inspira profondément, s’armant de courage. Allez ma belle, tu en a tellement envie !.

« Tout d’abord je tiens à m’excuser pour ces mois de silence, je m’en veux de ne pas t’avoir contactée plus tôt… Je ne sais même pas si ce mail aura réellement de l’importance pour toi, si tu penses un peu à moi aussi.
Je souhaitais t’offrir un cadeau. Bien que ce soit les fêtes de Pâques, il ne s’agit pas de chocolat. Je suis sûr que tu le découvriras vite et j’espère que ce petit rien te fera plaisir… Cherche bien !
J. »



Alors il ne lui avait pas téléphoné pendant plus de deux mois et le premier mail qu’il lui envoyait était pour lui annoncer qu’il comptait la faire tourner en bourrique. Ah, il voulait jouer, très bien, elle n’était pas du genre à abandonner sans se battre.

Elle se redressa rapidement, les mains bien appuyées sur les creux de ses hanches. Elle se mordit la lèvre inférieure, plissant les yeux pour réfléchir un instant. S’il était venu chez elle, quel endroit avait pu lui convenir ? Elle avait un sérieux problème : leur différence de Q.I n’était pas pour l’avantager. Elle pivota sur elle-même, s’offrant un panorama complet du salon.

Pas un objet ne semblait avoir été déplacé, ajouté ou subtilisé. Elle s’avança doucement de chaque meuble, l’inspectant soigneusement afin de remarquer le moindre indice. Après une vingtaine de minutes passées à chercher dans cette même pièce, elle décida d’aller à sa chambre. Elle passa tout en revue : le lit, le sommier, les étagères, les commodes, les tables de nuit… Sans résultat. Elle s’assit un instant, se massant les tempes. Elle avait beau se creuser la cervelle, aucune idée lumineuse ne lui apparaissait. L’impatience montait en elle et lui donnait déjà mal au crâne.

La salle de bain fut elle aussi retournée de fond en comble. Vint le tour de la cuisine. Peut-être la pièce la plus ennuyante à fouiller. Elle commença par les placards du bas, les vidant totalement de toute nourriture ou ustensiles. Vinrent ceux du haut, une nouvelle fois, ils ne dissimulaient pas le moindre cadeau.

De l’agacement, elle devint excédée, elle était presque hors d’elle. Bouillonnant intérieurement, elle faisait les cent pas dans son salon. Elle avait perdu plus de deux heures à fouiner dans toutes les pièces, à examiner toutes les éventuelles traces ou incohérences qui s’étaient offertes à elle durant sa quête.

Elle avait cherché partout, rien à faire, impossible de mettre la main dessus, ce truc était vraiment bien caché. C'était pourtant là, elle en était certaine : le petit bâtard était ce qu'il était, mais il ne lui avait pas menti en lui affirmant qu'elle pourrait découvrir ici un présent. De nouveau, elle entama son petit manège, furetant dans tous recoins possibles ou imaginables, retournant vêtements, vaisselle ou livres. Rien. Le néant.

Elle enrageait littéralement et commençait à jurer aussi bien en pensées -peu rassurantes- qu’à haute voix. La seule chose qu’il avait trouvée à faire pour renouer le contact était de l’irriter au plus au point. C’était là une conception des relations longues distances… Légèrement horripilante. Elle pianotait sur la table de son salon, manquant de se briser les ongles sur le bois vernis.

Elle pensait à lui, se demandant ce qu’il pouvait bien être en train de faire pendant qu’elle fulminait chez elle. Après avoir tiré les rideaux, elle observa l’extérieur avec attention. Elle scruta les arbres, les voitures suspectes, les gens qui marchaient au loin. Il ne semblait pas être là. Pourtant, c’était son genre de la taquiner quelques temps avant de se montrer, avouant qu’il adorait la narguer. Dans ces cas-là, elle faisait la fier, gardant le contrôle d’elle-même avant d’essayer de se venger ou au moins de reprendre l’avantage.

Elle tournait de nouveau en rond, les bras croisés sur la poitrine et les yeux fixant le parquet. Ce fut alors que son ordinateur se mit à jouer une petite mélodie reconnaissable. Elle venait tout juste de recevoir un autre mail. La jeune femme se jeta sur son portable et ouvrit le message en question, provenant de Jarod.

« Comment te dire ce que j’ai à t’avouer Zoey… Je suis tellement désolé, j’espère ne pas t’avoir fait nourrir de faux espoirs. Je viens à peine de me rendre compte que je m’étais trompé d’adresse de destinataire en ce qui concerne le mail précédent. Je suis vraiment navré, peut-être nous reverrons-nous un jour et alors, je pourrai t’expliquer ce que tu dois savoir… Face à face.
J. »


La jeune femme resta bouche bée devant son écran, c’était elle… Elle en était persuadée, celle à qui ce mail était destiné à l’origine, c’était cette brune qu’elle avait vue en photo. Il avait essayé de lui mentir le jour où elle l’avait trouvée, bien cachée au fond de son portefeuille. Alors c’était cette femme qui aurait la chance de découvrir son cadeau… De le serrer dans ses bras… D’être aimée par lui… Tout simplement.

Fin.









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